« Ça fait vraiment plaisir à toute l’équipe de repartir« , s’enthousiasme Reynald Schaich.
En temps normal, ce sont entre 3.000 et 4.000 personnes qui se pressent quotidiennement sur une flotte de huit bateaux. Jusqu’à 5.000 au plus fort de la saison. Un taux de remplissage que l’entreprise ne connaîtra pas cette année. Crise du coronavirus oblige, les équipes commerciales ont dû procéder à l’annulation de plus de 90.000 réservations.
Un quart de la clientèle habituelle attendue en 2020
« Ça s’annonçait comme une super année avec une croissance à deux chiffres, pas loin des 20%, et d’un seul coup il a fallu tout arrêter ». Un coup d’arrêt brutal qui a fait plonger la trésorerie. « Nous allons perdre plusieurs centaines de milliers d’euros », confirme Reynald Schaich qui espère, malgré tout, attirer le quart de sa clientèle habituelle, « pour arriver à 200.000 passagers en fin d’année au lieu des 800.000 habituellement embarqués ». Pour y parvenir, il a fallu s’adapter et mettre en place une série de mesures destinées à respecter les recommandations sanitaires. Port du masque obligatoire des passagers et des membres d’équipage, désinfection des équipements après chaque promenade, réduction du nombre de passagers par bateau, délivrance d’oreillettes à usage unique, rien n’est laissé au hasard « pour donner confiance aux visiteurs ».
La « tempête Covid » a de quoi faire tanguer l’entreprise alsacienne créée en 1947, aujourd’hui placée au premier rang des attractions touristiques payantes du Grand Est, sans pour autant la faire couler. « On n’a pas eu peur parce qu’on a beaucoup travaillé sur les cinq dernières années pour faire de Batorama une structure solide et parce que nous nous apprêtons à réaliser des investissements majeurs », ajoute le directeur.
25 millions d’euros d’investissement
A l’horizon des cinq prochaines années, Batorama entrevoit 25 millions d’euros d’investissement pour réaménager ses pontons, acquérir des bateaux électriques plus modernes truffés de technologie, ou encore équiper ses clients de tablettes numériques à consulter lors des croisières. « Ces investissements, nous les avions anticipés bien avant la crise. C’est notamment ce qui nous permettra de nous en sortir ».
Reste qu’en attendant, il va falloir tenir et croiser les doigts pour que les touristes reprennent goût aux excursions. « Paradoxalement, le plus gros de la perturbation est devant nous. Maintenant on va voir à quelle vitesse on va retrouver notre rythme normal de fonctionnement », ajoute Reynald Schaich qui attend avec impatience la réouverture des cafés et restaurants, mardi 2 juin, ainsi que le retour de la libre circulation aux frontières qui devrait permettre à la clientèle allemande, 35% des visiteurs annuels, de revenir. « Nous sommes interdépendants. Pour que les gens viennent il faut qu’il y ait des choses à faire mais aussi des terrasses ouvertes ».
Un retour à la normale bienvenu pour l’écosystème touristique en mal de redémarrage. Et vogue la galère.